L’humour, un art perfide ?

Humoriste est celui qui, selon son style et son bagage, raconte drôlement des choses à priori laides. Oui, il faut bien rire dans ce monde beaucoup trop complexe. S’il peut arriver à tout le monde d’être drôle, même par hasard, l’humour demeure un art avec ses règles et subtilités.

Cependant, la permissivité du rire a pris des proportions inimaginables ces dernières années. On rit de toute chose, sensible, tabou, sacré ou pas. Il faut toucher à tout pour faire rire le plus grand nombre. Après tout, ce n’est que de l’humour. Rien de bien méchant. Tout semble affaire: des salles pleines, des millions de vues valent bien mieux que ce rire volontaire et franc provoqué classiquement par un art devenu arc. Les flèches fusent de partout, maladroitement souvent. Taillés pour décrire les maux de la société d’une façon à susciter le rire, ces artistes ou art-tristes, selon ce qu’ils incarnent réellement, distinguent rarement et ce de plus en plus où se trouve la limite entre comique et perfidie, pertinence et  connerie.

Humour noir

 

S’il constitue un genre à part entière qui utilise un mode un peu plus cru que d’ordinaire, il est désormais un alibi visant à masquer les propres tares des papes du rire(perversité, xénophobie..), tout puissants qu’ils sont sur leur scène. On l’utilise pour justifier, comme s’il ne tient qu’à ça, tel écart dans le langage, la gestuelle ou la thématique abordée.

Le grotesque dans toute sa splendeur

L’humour se doit d’être léger, inclusif et respectueux. Rire avec et non contre. A l’origine, il dédramatise les vilenies sociales mais la réalité actuelle est tout autre: Il est devenu l’une des armes d’exclusion et de ségrégation les plus tolérées, un véritable fourre-tout. L’évocation des blessures et sensibilités des uns, tant qu’elle amuse les z’autres, est l’humour d’aujourd’hui: vicieux et intéressé.

 

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